SDMI : le ‘chercheur pirate’ saisit la justice
Le professeur Edouard Felten, qui dirige l’équipe de recherche ayant réussi à casser le système de protection de fichiers de la SDMI, demande à la justice américaine de l’autoriser à publier ses résultats. Epaulé par l’Electronic frontier fondation, il assigne la SDMI et la RIAA en justice, ces dernières l’ayant menacé de poursuites s’il publiait ses conclusions comme il comptait le faire.
La Secure digital music initiative (SDMI) a soumis officiellement le 24 avril dernier aux autorités américaines la nouvelle liste de ses membres qui sont environ 200 au total. Si neuf sociétés viennent s’ajouter, en revanche vingt-sept quittent l’organisation (la liste sur son site date toujours du 18 octobre 2000). En mai, se tenait son meeting annuel qui s’est soldé par un échec, ses membres ne parvenant pas à s’entendre sur les technologies à employer pour vérifier qu’un fichier n’est pas une copie pirate. Déjà peu en forme, voici désormais la SDMI assignée en justice par l’Electronic frontier foundation, farouche défenseur des libertés individuelles, au nom du professeur Edouard Felten. La plainte a été déposée ce mercredi 6 juin. Le scientifique, entouré de toute une équipe de chercheurs, a renoncé à présenter ses résultats (voir édition du 27 avril 2001). « [La SDMI] nous a menacés d’un procès (…) Des menaces ont été reçues par [notre équipe], par les organisateurs de la conférence et par nos employeurs respectifs », expliquait-il. Mais il n’a pas renoncé et il se tourne maintenant vers la justice américaine en demandant que sa publication soit autorisée. Pour cela, il poursuit non seulement la SDMI, mais aussi la RIAA (Recording industry association of America) et Verance, un spécialiste du marquage numérique auteur de l’une des technologies piratées.
« Une décision inexplicable »« Etudier les technologies d’attaques numériques et en publier les résultats pour nos collègues est à la fois fondamental pour le progrès de la science et la liberté de la recherche académique », se justifie Edouard Felten. « L’interprétation du DMCA [Digital millenium copyright act, la loi américaine sur les droits d’auteur numériques, Ndlr] rendrait illégal tout progrès scientifique sur cet important sujet », affirme-t-il. De son côté, la RIAA fait l’innocente. « La décision de nous poursuivre ainsi que la SDMI est inexplicable », note Cary Sherman, son responsable, dans un communiqué. Nous avons déclaré sans équivoque et à plusieurs reprises que nous n’avions aucune intention de mener un procès contre le professeur Felten ou ses collègues. » Ce n’est pas la version du scientifique, qui a rendu publique une lettre datée du 9 avril dans laquelle le secrétaire de la SDMI le menace clairement de poursuites : « Une telle divulgation n’est pas autorisée (…) et exposerait votre équipe de recherche à des poursuites relatives au DMCA et éventuellement à d’autres lois fédérales », peut-on y lire. L’équipe de recherche dirigée par Edouard Felten prévoit d’exposer ses résultats lors du symposium sur la sécurité de l’association Usenix en août prochain.
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